Expert graphologue ou expert en écritures ?
Lorsqu’on a besoin de faire authentifier une signature, une mention manuscrite ou un paraphe sur un document, soit pour confirmer l’auteur, soit dans un cas d’usurpation d’identité, le premier geste consiste souvent à le faire expertiser.
Si bien les termes d’expert graphologue et d’expert en écritures on tendance à se mélanger, tant au niveau social qu’au niveau judiciaire, il s’agit de deux métiers très différents. Les confondre équivaut à penser que le chirurgien-dentiste et le prothésiste dentaire travaillent sur le même domaine. Ils s’en occupent des dents tous les deux, mais le premier pour les soigner et les opérer, tandis que le dernier s’en charge juste de les reproduire, de fabriquer les prothèses.
De la même manière, le graphologue étudie l’écriture, les automatismes d’auteur, la mise en page, la vitesse ou la pression, parmi d’autres éléments, dans le seul but d’établir un profil de la personnalité et du caractère d’un individu. Il s’agit d’une approche psychologique, contesté par certains, certes, mais basé sur l’analyse, l’expérimentation, l’observation et la répétition objective, tout comme n’importe quelle autre science du savoir.
Cependant, l’expertise en écritures et documents est une discipline très différente, exercée dans le milieu judiciaire et adressée à établir la légitimité, l’authenticité de l’écriture, ainsi que l’absence de tout élément étranger aux signataires et à l’acte de signature, susceptibles d’invalider l’ensemble du document.
L’expert en écritures auprès des tribunaux est souvent désigné par l’expression « expert graphologue » ou « graphologue judiciaire », même si la graphologie, l’analyse de la personnalité par l’écriture n’a aucun intérêt pour les experts en écriture. La composante psychologique n’a aucune place dans le cadre d’une éventuelle identification d’auteur, même si cette technique puisse permettre souvent d’envisager la présence d’un acte de signature sous l’emprise de l’alcool, de substances stupéfiantes, ou de certaines pathologies liées à la motricité fine d’un individu.
Par ailleurs, les experts en écritures ont depuis un certain temps de nouveaux outils de travail hi-tech, telle la biométrie de l’écriture, réalisée sur un support numérique, une tablette, un smartphone ou un écran tactile.
Ces nouvelles technologies offrent aux experts en écritures une nouvelle approche du métier, dans la mesure on l’informatique puisse fournir et mesurer certains traits graphologiques jusqu’à présent étudiés à l’œil nu, tels la pression, la vitesse scripturale, l’accélération ou décélération du geste graphique, la capture et reproductibilité d’une signature en 3D, y compris les petits gestes aériens sans contact entre le stylet et le support, très automatisés et personnalisés, mais impossible à définir ou à mesurer à l’œil nu.